AFRIQUE : YEMANJA
- Néoptimiste
- 3 déc. 2018
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Les Orishas sont des esprits vénérés par les peuples Yoruba et Édo qui proviennent du sud du Nigeria, ainsi que quelques autres peules provenant du Ghana et du Togo. Aujourd'hui, le corps social africain est parasité par de nombreuses maladies et parmi elles : la violence domestique. Plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest comme le Sierra Leone, le Ghana, le Nigeria et la Côte d'Ivoire en souffrent. Certains justifient cela par la tradition qui, selon eux, a promu un rapport de subordination entre hommes et femmes, et d'autres par la religion. L'article de ce lundi vous présente un mythe ouest africain, celui de Yemanja.

Yemanja, mère de l'humanité
De ses puissantes mains, la déesse mère Yemanja créa le peuple Yorouba. Elle envoya ensuite les divinités Orishas pour donner du sens à ce qui semble inexplicable, conjurer ce que l’humain ne peut conjurer et réparer par la spiritualité ce que la dimension réelle ne pourrait raccommoder. Yemanja était d’une beauté divine et nul ne restait indifférent face à elle. Cependant née avec un seul sein, elle n’était pas capable d’éprouver des sentiments pour les autres car elle se croyait laide.
Ogun, dieu des forgerons, se noyait dans un amour profond pour elle, mais le sein de Yemanja était tel un isthme qui séparait deux courants d’eau : l’amour et l’indifférence car Ogun nageait dans le premier courant, elle dans le deuxième. Toutefois, il n’abandonna pas et se résolut de préparer un festin pour sa bien aimée lorsqu’un jour, elle s’absenta des mers. Par mégarde, il cassa un pot de Yemanja. Cette dernière le confronta et ce dieu, ne pouvant supporter qu’une femme puisse le contrarier, la gifla violemment. Enragée, Yemanja lui arracha presque tout son pouvoir et disparut, laissant Ogun vulnérable et fébrile.
Bien qu'il soit un simple mythe pour certains, c'est aussi une base solide qui sert de condamnation de la violence domestique pour les Yoroubas. De nos jours, 51 % des femmes africaines ont été victimes de violence domestique et 64,5 % des victimes nigérianes opinent que cette violence est justifiable car les sociétés ouest-africaines reposent sur un rapport de subordination de la femme par son conjoint/ partenaire. Certains disent aussi que ce sont les coutumes impliquant les dots de mariages qui considère la femme comme un objet acheté et appartenant à son mari.
Aujourd'hui, la violence faisant partie du quotidien du ouest-africain est-elle vraiment signe d'affection, comme l'amour qu'Ogun a pour Yemanja? Utilisée comme forme de correction de parent à enfant, de professeur à élève et éventuellement dans le cadre conjugal/domestique aussi. Cette légende ne serait-elle pas à la fois une cause des violences conjugales, et un mythe sur le pouvoir des femmes?
-Glory Ojesanmi
Source de l'image:
Yemanja - Ed Ribeiro
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