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CAMBODGE : LA PRISON S-21

  • Photo du rédacteur: Néoptimiste
    Néoptimiste
  • 7 janv. 2019
  • 3 min de lecture

Ah, le Cambodge! Sa culture bouddhiste, ses traditions ancestrales, ses temples grandioses et ses rues animées! C’est ainsi que beaucoup connaissent ou s’imaginent le pays. Le coin idéal pour passer un brin de vacances sous le soleil radieux des paysages tropicaux. Mais on ne peut prétendre connaître un pays sans connaître son histoire. Alors certains touristes curieux se hasardent loin des quartiers lumineux pour tâter les murs gris de la prison S-21, ancien centre de torture qui renferme les secrets les plus barbares du génocide des Khmers Rouges. Mais je ne suis pas une touriste. Moi, cambodgienne, 15 ans, je reviens visiter cet espace confiné qui est aujourd’hui un musée. 39 ans plus tard, je vois et perçois ce que mes ancêtres ont vécu et combattu.

17 Avril 1975. Phnom Penh, capitale de mon pays, tombe aux mains des Khmers Rouges.

Les Khmers rouges, vêtus d'uniformes noirs ou kakis, un foulard rouge sur la tête, constituent le parti politique communiste radical qui a dirigé le Cambodge de 1975 à 1979. Période durant laquelle deux millions de Cambodgiens ont trouvé la mort par assassinat, famine ou épuisement physique et psychologique. Parce qu’ils sont nés ou ont vécu en ville, lieu de l’influence occidentale, ils sont considérés comme impurs. La ville est évacuée sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré. En exil dans les champs et rizières transformés en camps de travail, hommes, femmes et enfants sont contraints à une rééducation idéologique. L’objectif est simple : créer une société utopique basée sur le modèle communiste sans classe ni religion. Mais Pol Pot, le dirigeant des Khmers Rouges, ne s’arrête pas là. Le « peuple nouveau » doit être purifié de tout élément déviant qui pourrait présenter une menace. 4 mois plus tard, le centre de torture de Tuol Sleng (« la colline emprisonnée »), plus connu sous le nom de S-21, fut installé.


En plein cœur de la ville, le bâtiment est aujourd’hui un musée qui rappellera toujours la plus sombre page de l’histoire du Cambodge. Une visite qui fait froid dans le dos.


Tuol Sleng était initialement un lycée avant que Pol Pot ne le transforme en gigantesque machine de mort. Le simple fait d’avoir des ongles propres ou de porter des lunettes signifiait qu’on était intellectuel. Un soupçon de révolte, preuve de menace suffisante vis-à-vis du régime pour être arrêté ou tué. Les prisonniers étaient enchaînés par dizaines, incapables de bouger et allongés à même le sol. Le moindre mouvement, le moindre tintement de chaînes et ils se font battre. Chaque prisonnier est torturé 2 à 3 fois par jour dans le but d’extraire de faux aveux, des fautes qu’ils n’avaient pas commises.

Le site est composé de quatre bâtiments principaux et chacun remplissait une fonction propre. Les bâtiments étaient recouverts de fil barbelé afin que les détenus ne se suicident pas, car même la décision de vie ou de mort appartenait à la direction de la prison.

Le bâtiment A servait de lieu d’emprisonnement, d’interrogation et de torture des prisonniers qui étaient des hauts fonctionnaires. Le bâtiment est constitué de grandes cellules où l’on a découvert les corps des dernières victimes. Aujourd’hui, les traces de ces faits macabres sont toujours visibles.



Le bâtiment B, où se trouvent d’anciennes salles de classe servait de salles de torture individuelle. Aujourd’hui, il est destiné à la mémoire des victimes. Les instruments de cruauté sont exposés dans des vitrines, accompagnés d’explications et de photographies des détenus. Un décor simple qui m’a soulevé le cœur. Inutile d’en dire davantage, chaque visage accablé semble vouloir raconter une histoire.



Sur les 17 000 détenus de Tuol Sleng,

seuls sept ont survécu pour témoigner de leurs souvenirs.


Juste avant de sortir, je tombe sur le mémorial de Tuol Sleng avec une stèle sur laquelle est gravé le nom des victimes. J’ai pu saluer Bou Meng, un peintre survivant du camp. Je n’ai pas su quoi lui dire, mais son sourire est un message d’espoir et de réconciliation que l’on retrouve chez tous les Cambodgiens aujourd’hui… C’est une page funèbre à jamais inscrite dans l’histoire du Cambodge. Mais ça reste une page sombre parmi tant de blanches que le peuple a depuis soigneusement colorées ses valeurs.


L’émotion est forte, je ressors de cet endroit avec le cœur lourd mais une immense fierté. Je suis fière d’être aujourd’hui dépositaire de la mémoire, je suis fière du courage de mes ancêtres qui a forgé celui de la population, je suis fière de me réveiller chaque jour me sentant spéciale, je suis fière de mon pays, je suis fière d’être cambodgienne.


- Martine Neang

Sources d'images

Les Khmers Rouges - Scoopnest / The History Place

Le musée - Serialtravelers / L'Express / Cambodge Mag

Règlement de sécurité - Martine Neang (Néoptimiste)

Chum mey, un des sept rescapés - Medium


 
 
 

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Philomène Martinez

Graphisme / Illustrations 

Marianne Tran, 17 ans

Taipei (Taiwan)

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